C’est déjà reparti
Il ne s’est pas passé longtemps entre le moment de bilan et celui où j’ai amorcé la formulation de mes vœux pour la nouvelle année. S’ils ne vous étaient parvenus :
Qu’elle soit densément ponctuée de rencontres et retrouvailles avec celleux auprès de qui vous êtes libres d’être vous-mêmes, et celleux qui sont vos camarades dans la lutte pour le respect de votre dignité, bref toustes celleux qui vous accompagnent dans votre épanouissement de l’intime au politique !
C’était mon souhait dès que j’ai commencé à y penser, cela m’a coûté quelques efforts de l’émettre, pourtant. Parce que le niveau de violence systémique explicite est élevé ces temps-ci, on ne peut donc ignorer qu’il y aura encore beaucoup de blessé-e-s, de mort-e-s avant qu’on puisse à nouveau parler de progrès social sans hypocrisie. Et là, il ne s’agit que de l’ici/maintenant le plus visible. Les violences xénophobes qui se cristallisent autour de la liberté de circuler ou de vivre sur un territoire quelles que soient ses origines, sa religion, son orientation et/ou son identité de genre me rappellent d’autres persécutions de masse qui ne sont pas restées étrangères à mon histoire familiale. L’angoisse existentielle qui m’étreint quand j’y pense me paralyse. La culpabilité que je peux ressentir devant ma propre impuissance ou mon inertie, s’est aussi nourrie d’une autre façon durant l’année écoulée, car j’ai connu plusieurs périodes de convalescence m’obligeant à me tenir loin des manifestations. Il me fallait d’abord me prémunir de toute bousculade, puis, pendant quelques semaines, je ne pouvais tout simplement pas marcher. Et je suis restéE avec cette sensation que si je ne me sentais pas en pleine possession de ma capacité à me déplacer, il était plus sage de ne pas aller battre le pavé. Et devant ce constat un nouveau relent de culpabilité me monte au nez.
Pour ne pas céder complètement à l’inertie, je me suis concentréE sur mon déménagement et le chantier qui va avec, en me focalisant sur le projet de faire de ce nouveau lieu de vie un espace encore plus partagé que le précédent. Un repaire où mes sœurs et mes complices pourront trouver repos, réconfort et soutien.
La photo utilisée comme carte de vœux est la première prise en 2019. Nous séjournions en Charente Maritime pour chercher notre future maison. Nous ne l’avons pas trouvée cette fois-là, il nous a fallu revenir en visite 2 ou 3 fois de plus. La nécessité de recommencer allait de soi, cela ne m’a pas coûté d’effort. Souvent je me remémore cet aspect du processus en espérant dépasser les brides nommées « peur de l’échec » que je porte encore sur certains terrains. De la même façon, je reste dans l’émerveillement vis-à-vis de l’absence d’angoisse durable devant la perspective du travail à accomplir pour faire du nouveau lieu un espace accueillant.
Ça m’amuse moins de me sentir perméable quand on me demande comment je fais pour continuer à créer dans mes conditions actuelles, et ce malgré le contentement que je ressens physiquement, dans le faire de la création du lieu.
Ce mois-ci, les nouvelles images ont été ajoutées à la rubrique Perspectives :
À la prochaine, prenez soin de vous !
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